“Je te vois !” – “Je suis là !”
Voilà comment les Bochimans d’Afrique se sont salués pendant des siècles. En voyant un frère ou une sœur sortir de la brousse, il s’exclamaient : “Je te vois”, et celui qui s’approchait répondait : “Je suis là !”.
Cette manière à la fois simple et profonde de témoigner de la présence d’un autre être humain s’est perdue dans la vie moderne… C’est dommage, car les gens qui dans nos vies ont validé l’être que nous étions, en le voyant pour qui il est et en l’exprimant, ont été le fondement de notre estime personnelle.
Il est important de noter que le fait d’être vu permet à chacun de s’affirmer, de s’exprimer. Au fond, l’art sous toutes ses formes n’est-il pas une façon très humaine d’affirmer encore et encore “Je suis là !” ? Et en s’affirmant, il devient possible à son tour de reconnaitre les autres. Chez les Bochimans, la joie de voir l’autre compte autant que l’affirmation de sa présence. A la joie de reconnaitre l’autre, répond le don de la présence. Nous avons tous besoin d’être accueillis avec joie pour proclamer notre émerveillement d’être là.
Non seulement nous pouvons agir de la sorte les uns pour les autres, mais il est essentiel de le faire. A l’instar des étoiles qui dépendent de l’immensité du firmament pour être vues, des vagues qui dépendent du rivage pour se former, de la rosée qui dépend de l’herbe pour se déposer, notre vitalité dépend de notre manière de nous affirmer et de nous réjouir les uns les autres : “Je te vois !” – “Je suis là !”.
Un thème extrait et adapté de “Le livre de l’éveil” de Mark Nepo.