Souvent, nous cultivons une image de nous-même qui nous rassure : nous nous installons dans un personnage, nous créons des scénarios relationnels dont les autres dépendent.
Et la dernière chose que nous aurions pu imaginer se produit : nous évoluons et nous changeons. Ce n’est la faute de personne. C’est même quelque chose de naturel, qui se déroule tous les jours sous nos yeux. Il n’y a qu’à regarder danser la mer qui sape les rochers et fait bouger les lignes du rivage. Il n’y a qu’à observer grandir tout ce qui est vivant autour de nous : plantes, animaux, enfants.
Si bien que peu à peu, le personnage que nous avons intériorisé devient étriqué, limite nos mouvements, et nous étouffe peut-être.
Pour rester vivants, il nous faut donc briser les scénarios que nous avions créés.
Nous savons que nous approchons ce seuil lorsque nous entendons quelqu’un s’étonner de ce que nous sommes, de ce que nous faisons. Lorsque justement nous détonnons dans le paysage. Il est difficile alors de ne pas se conformer de nouveau à la vision des autres, et d’accueillir ce que nous sommes en train de devenir.
Le défi auquel nous sommes invités, est de répondre à ceux qui s’étonnent : « Je suis plus large que ce que tu connais de moi, et plus large encore que ce que je connais de moi même. » Il s’agit d’accueillir avec confiance notre mouvement intérieur, qui est le mouvement même de la Vie.
De la même manière, nous pouvons choisir de ne pas « saisir » l’autre dans l’image que nous en gardons, mais de le voir dans son mouvement, dans son devenir permanent.